Rencontrez Leïla Haegel
Étudier la nature à travers le prisme de la science et de l'art
Leïla Haegel, physicienne des particules spécialisée dans l'étude des neutrinos, donnera une conférence lors de l'événement Danser avec l'Évolution, qui aura lieu le 19 novembre au Portail de la science du CERN. Sa passion pour la science fondamentale, la communication grand public et l'art sera au cœur de cet événement, à l'occasion duquel elle prendra la parole pour évoquer les origines de l'Univers et l'évolution humaine. Chercheuse à l'Institut de physique des 2 infinis de Lyon, en France, Leïla est également utilisatrice au CERN et membre du réseau CERN Alumni. Cet article, qui fait suite à une entrevue récente avec la physicienne présente son parcours, ses recherches et la manière dont elle s'efforce de rendre la science accessible au plus grand nombre.
Des neutrinos aux ondes gravitationnelles: au CERN et ailleurs
"La première fois que je suis venue au CERN, j'étais étudiante en master. Je savais que je voulais étudier quelque chose en lien avec la physique des particules ou la cosmologie — la science fondamentale", se rappelle-t-elle. Grâce à un stage de quatre mois à l'Université de Genève, elle a pu suivre les conférences données dans le cadre du programme des étudiants d'été du CERN : "Le CERN a toujours été un lieu où l'on rencontre des personnes du monde entier qui s'intéressent aux mêmes questions.". À cette occasion, elle aura la chance de pouvoir suivre l'annonce de la découverte du boson de Higgs, dont elle conservera un souvenir riche en émotions : "Nous avons suivi l'événement depuis notre bureau. Certaines personnes s'étaient levées à 4 heures du matin pour faire la queue et obtenir une place dans l'amphithéâtre. Tout le monde était tellement enthousiaste."
Après l'obtention de son master, Leïla entame un doctorat en physique des neutrinos, se spécialisant dans la mesure de l'asymétrie entre matière et antimatière. Son travail l'amène à rejoindre l'expérience T2K, une collaboration internationale établie au Japon.
Après son doctorat, elle s'oriente vers la recherche sur les ondes gravitationnelles avec la collaboration LIGO-Virgo : "C'était une période passionnante; les ondes gravitationnelles venaient d'être détectées de manière directe. De nombreuses expérimentations devaient être menées, notamment à la croisée de la physique des particules et de la gravitation."Leïla revient ensuite à la physique des neutrinos avec un poste au CNRS, et participe maintenant aux collaborations DUNE et RICOCHET : "Nous sommes à présent capables d'explorer des phénomènes qui étaient jusqu'à présent hors de portée", explique-t-elle, faisant remarquer que ce sont les avancées dans le domaine de la technologie des détecteurs qui ont rendu possibles ces découvertes.
Des compétences universitaires au service de l'innovation et de la collaboration
Les contributions de Leïla ne sont pas restreintes au milieu institutionnel. Pendant sa période au CERN, elle a participé à la première édition du hackathon, défi au cours duquel elle a contribué à la conception d'un détecteur de rayons cosmiques pour des écoles, qui sert maintenant pour le concours Ligne de faisceau pour les écoles (BL4S) : "C'est une des choses que j'aime à propos du CERN — avoir la possibilité de transmettre la science à la société."Elle a également travaillé avec une jeune entreprise qui cherchait à utiliser l'apprentissage automatique et les réseaux neuronaux pour améliorer l'éducation et transformer la lecture passive en une expérience d'apprentissage active : "Ces expériences ont toutes été très intéressantes, mais, finalement, j'ai choisi de rester dans le milieu institutionnel parce que je pense qu'au fond de moi, je suis passionnée par la physique fondamentale."
L'encadrement est également un aspect central du travail de Leïla. "Pour moi, il est important que le milieu universitaire devienne une communité plus inclusive."J'ai encadré des étudiantes marocaines et indiennes grâce à l'initiative de la Fondation Supernova et j'essaye d'être présente pour d'autres étudiantes qui sont confrontées à des difficultés en début de carrière.". Elle a également coorganisé la première édition des conférences ACHEP sur la physique des hautes énergies sur le continent africain, un événement couronné de succès qui a mis en évidence que la recherche scientifique n'avait pas de frontières : "Nous voulions montrer qu'il est possible d'organiser ces événements dans des territoires qui n'avaient jusqu'alors pas été pris en compte. La conférence au Maroc a rencontré un franc succès ; c'était motivant de voir ce qu'il s'y passait en termes de recherche. Nous étudions des questions qui nous concernent toutes et tous, donc il est crucial que notre communauté reflète notre diversité."
Lorsque l'art rencontre la science: Danser avec l'Évolution
En vue de l'événement Danser avec l'Évolution, qui aura lieu au CERN, nous avons discuté avec Leïla de l'importance de conjuguer art et science. Au programme de cet événement unique en son genre, une performance dirigée par le chorégraphe Michel Hallet Eghayan, sur un récit du paléoanthropologue Pascal Picq, qui explorera les origines de l'Univers et l'évolution humaine. Après la performance, Leïla rejoindra Pascal Picq pour une discussion axée sur ces sujets, où elle apportera sa perspective de physicienne.
Quand elle réfléchit au dialogue entre l'art et la science, Leïla est convaincue que l'art peut permettre de transmettre des concepts scientifiques de façon plus accessible : "Lorsque nous abordons notre travail, nous répondons à des questions fondamentales de l'humanité. De quoi sommes-nous composés ? Comment fonctionne le monde ? Comment marche-t-il ? L'art nous permet de communiquer ce que nous comprenons de façon logique, mais aussi d'une manière sensorielle, pour que les gens puissent le ressentir."
Pour assister à l'événement Danser avec l'Évolution, veuillez vous inscrire ici